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La néogicienne amoureuse ? II

Une possible suite des épisodes précédents
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RE: La néogicienne amoureuse ? II
le 15 March 2019 - 18:45

CHAP 18

Salle blanche

La pièce était entièrement blanche, du sol au plafond. Sa porte d’entrée ne se devinait qu’à l’ombre infinitésimale dessinant l’ouverture, de même que la porte à guichet située en face.
Deux gardes armés en treillis et cagoules blancs se tenaient à deux angles opposés

Une grande silhouette couverte d’un manteau noir traînant jusqu’au sol et encapuchonnée observait par la fente du guichet, tout en caressant le chat gris qu’elle transportait sur ses bras engoncés dans une espèce d’armure métallique.

Une femme de petite taille, aux courts cheveux bruns et frisés, vêtue d’un jean et d’une blouse blanche, se tenait à côté, un épais bloc note en main, tout en rongeant nerveusement le capuchon d’un stylo tenu dans l’autre.

- Maître du mal : Voici donc notre sujet… ? Qu’a-t-il de particulier ?

- Professeure Von Spontz (avec un accent d’Europe de l’est prononcé) : Nous affons constaté une très nette évoluzion du zujet, mein Herr ! A zon arrivée il était catatonique… Maintenant il zemble répéter en boucle la même phraze… Une hiztoire de mazque déforeur de monde… Arrh, et zes chefeux sont defenus tout blancs il y a une heure ! Je n’affais jamais fu za !

- Maître du mal (se frappant le front de la main ne tenant pas le chat) : Eglantine… vous ai-je déjà dit à quel point votre imitation du docteur Follamour était mauvaise ?

- Professeure Von Spontz (avec un parler gouailleur à la Arletty) : Pfff, si on peut plus rigoler un peu… Bref, les symptomes sont surprenants. J’ai vérifié, Bones et Sinclar n’ont jamais provoqués ce type de réaction jusqu’à présent. Ça ressemble plus à une forme de stress post traumatique du genre pelade, mèche blanche, etc… mais en accéléré. Il a dû subir une expérience traumatisante.

- Maître du Mal : son délire semble confirmer le rapport de Sinclar et Bones. Ils ont indiqué que le sujet aurait regardé le ciel et hurlé les mêmes élucubrations…

- Professeure Von Spontz : en tout état de cause, il n’y aura rien à en tirer tant qu’il sera dans cet état là… Je propose qu’on le sédate… un repos forcé devrait le sortir de sa transe délirante.

- Maître du Mal : (frappant le mur du poing, y imprimant la trace de ses phalanges gantées d’acier) C’est très contrariant ! Bon, faites au mieux, mais faites vite ! Le jour prophétisé approche et ce type en est la clé !

- Professeur Von Spontz : à vos ordre Maître !

Une fois le sinistre personnage sorti, elle jeta à son tour un œil par le judas.
Dans la petite pièce capitonée, engoncé dans une camisole de force, ce qui était manifestement un être humain se tortillait au sol en laissant de grandes trainées de salive et de larmes mélangées. Un instant son visage ravagée par une incoercible panique se tendit vers l’observatrice…

- Geniet : Il… va… venir… tout… dévorer… Il… est… tout… proche…


Hôpital Georges Pompidou


Mlle Scarlett sentait les assauts de la fatigue depuis plusieurs heures. Malgré tout, elle avait continué à tendre les instruments au jeune interne qui se concentrait sur la jeune femme endormie sur la table d’opération.
Une sixième balle tinta dans la cuvette en inox posée à côté du champ opératoire.

- Nox : Je crois qu’on a eu la dernière ! Je finis de cautériser les capillaires… voilà et on va pouvoir refermer. Une aiguille de 6 s’il vous plait.

Comme un robot, la jeune femme lui passa sans un mot le matériel de suture.

- Nox : Hé bien ! Voilà qui est fait. Retournons là pour vérifier qu’il n’y ait pas une autre plaie dans le dos…

A quelques mètres de là, dans le bloc voisin, le Docteur No extrayait lui aussi quelques grammes de plomb à quelques millimètres du rein de cette étrange femme aux prothèses mécaniques.
A ses côtés, totalement imperturbable, Mademoiselle Nya passait scalpels, clamps et autre gaze à l’inépuisable chirurgien.

- Dr No : Ah, très chère, je préfère quand même les patients qui n’arrachent pas les écrans des murs et qui n’essaye pas de me dévorer l’épaule…

- Mlle Nya : Il est vrai que ce démon nous a donné du fil à retordre !

- Dr No : Mais qu’est-ce qui leur a pris de laisser une telle entité envahir le corps d’une gamine ?

- Mlle Nya : Je pense plutôt que c’est l’inverse…

- Dr No : Comment ça ?

- Mlle Nya : Ah c’est vrai, vous n’étiez pas en salle de réa après l’opération ! Ce Yokaï… c’est la gamine de l’autre jour dans le parking !

- Dr No : Quoi ? La petite boule de fourrure qui avait fini sous un scooter avant que la foldingue ne tente de me trucider à coup d’extincteur ?

- Mlle Nya : la « foldingue » comme vous dites est en ce moment dans l’autre bloc…

- Dr No : Mais pourquoi faut-il que tous ces tarés de super héros et super vilains viennent régler leurs comptes dans mon hôpital ? Ah, ça y’est, je l’ai ! Vite une compresse… merci ! Cette femme est extraordinaire !

- Mlle Nya : Laquelle ? Le renard, la serial killeuse aux extincteurs où celle-là ?

- Dr No : notre patiente actuelle… ses prothèses relèvent d’une ingénierie qui dépassent la simple médecine… Faudra trouver un expert pour les réparer correctement… Mais il est vraiment surprenant qu’elle ait tenu bon avec tout ce qu’elle a pris… Les humains ne cesseront jamais de me surprendre ! Un clamp… là… aspiration… voilà. Bon, une greffe de rate évitée, une !

- Mlle Nya : au fait, avec tout ça j’ai complètement oublié de vous demander comment c’était passé…

- Dr No : Comme d’habitude. Et la réunion qui a suivit a levé les mêmes protestations des mêmes intervenants… Dominique m’a rapporté que ça avait crisé là-haut… et que son boss a dû intervenir en personne… Ah ah ah, j’aurais aimé être une petite souris pour voir la tronche du barbu sortir de sa retraite silencieuse pour rappeler à l’ordre ses sous-fifres. Aspiration… merci.

- Mlle Nya : Fil de 5 ou fil de 6 ?

- Dr No : je vous laisse le choix des armes très chère…

- Mlle Nya : je… je peux ?

- Dr No : vous commencez officiellement votre internat dans quinze jours et en savez déjà plus que toute la faculté de médecine réunie… Et voilà ! le dernier trou est nettoyé ! Elle va pouvoir rejoindre les autres… Allez-y.

Mlle Nya, une lueur de plaisir dans les yeux caressa très délicatement la peau à vif autour de la chair déchirée par la plaie qu’une balle de 9 mm avait provoquée. La sensation au bout de ses doigts gantés de latex quand l’aiguille pénétra l’épiderme manqua de la faire frissonner.
Elle prit tout son temps pour suturer chacune des dix sept plaies qui dessinaient comme une constellation dans le dos de cette superbe femme dont les membres avaient été remplacés par du métal et du cuir savamment entrelacés et capables de reproduire tout ce que des membres naturels faisaient, et même plus. Elle laissa sa main s'attarder au bas du dos, se mordant la lèvre, une étrange chaleur dans l'estomac... Comme le docteur avait du en profiter... enfoncer sa lame acérée dans cette chair sans défense, sentir le sang chaud couler au bout de ses doigts... Elle secoua la tête pour chasser ses pensées

Le résultat de ses travaux de coutures aurait été digne de figurer dans des manuels d’enseignement, au risque de se voir taxer de photomontages. Le hochement de tête admiratif de son mentor qui l’avait observée avec attention fit monter le rose à ses joues.

- Dr No : Bravo pour ce travail. Amenez là avec les autres. Je vais allez jeter un coup d’œil aux prouesses de notre jeune poulain à côté et m’occuperait de la gouvernante ensuite.

Mlle Nya approcha un brancard et le Dr No y transféra sans aucun effort le corps endormi de Sam avant de passer dans le petit vestibule de préparation pour changer de tenue chirurgicale.
Il jeta au passage un regard désolé sur son beau costume en tweed que le démon noir avait réduit en charpie plus tôt dans la soirée.

Enfin équipé de neuf, il poussa la porte du deuxième bloc à la seconde où l’alarme de l'électrocardiogramme se mit à hurler alors qu’une flaque de sang s’épanchait soudain de part et d’autre du tissu vert du champ opératoire.

:curseur-empire :artheon-4 POURQUOI MOIIIIIIIII ?
Alias Dr No - Membre de la Guilde du Stylo Unique (a eu l'artefact sacré en main) - Mage de bataille niv 51- PJ et MJ sur le forum - scribouillard de fanfics et à l'HdP - Elémentaliste de l'Aurore

Arnaud75
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RE: La néogicienne amoureuse ? II
le 18 March 2019 - 12:43

CHAP 19

Hôpital Georges Pompidou

Myss Lyli restait assise dans le fauteuil recouvert de « cuir de sky » de la chambre isolée dans laquelle le personnel médical avait rangé le lit renforcé sur lequel était étendue, totalement entravée, la haute silhouette d’une créature noire comme le charbon.

La jeune soubrette caressa machinalement le bandage immaculé qui ceignait son épaule. Le jeune interne qui l’avait recousue beaucoup plus tôt cette nuit là avait fait un travail d’orfèvre. La fatigue et les analgésiques firent dériver ses pensées : ce type devait être un as de la broderie ! L’image de ce jeune médecin, canevas et aiguille en main lui arracha un minuscule sourire, vite effacé par les souvenirs du drame.
Elle ressentait dans ses tripes que tout ne se passait pas bien pour les deux jeunes femmes qui étaient encore entre la vie et la mort entre les mains des chirurgiens. Les commandos du WZP avaient tenté de la rassurer : « ce service spécifique du plus grand hôpital de paris est spécialement équipé pour s’occuper spécialement des gens spéciaux »… Ces répétions dans la bouche du sergent qui l’avait escortée jusqu’à l’hélicoptère avait réveillé ses instincts d’institutrice, lui donnant l’envie de lui passer la bouche au savon. Après, de la part d’un membre d’un commando « spécial » …

Voilà qu’elle se laissait une fois de plus aller. Alors que Mademoiselle Samantha était dans une situation critique !

Son regard s’égara sur le monstre alité devant elle. Elle n’en revenait pas de la transformation de cette jeune fille… d’accord elle avait un sacré caractère, mais comment un corps aussi frêle pouvait-il abriter une telle créature ? Elle était pourtant persuadée, depuis qu’elle faisait partie du WZP, que la transformation était soumise à un genre de règle de conservation des masses… Les quelques garous qu’elles avait pu rencontrer obéissaient tous à cette loi physique.

Elle avait peur… peur que cette gamine n’ait disparue au profit du monstre qui sommeillait en elle. Tempo serait si triste si c’était le cas.

Un grattement à la porte la fit sursauter. La magnifique aide-soignante qui avait accompagné ce docteur si étrange…

- Mlle Nya (chuchotant) : Pardon de vous déranger, vous pouvez venir un instant dans le couloir ?

Myss Lyli s’exécuta, avide d’avoir des nouvelles. Une fois dans le couloir, elle ressentit une fois encore cette étrange sensation, mais dans une moindre mesure, de danger couvant sous la roche en se retrouvant face à la femme en blouse de chirurgie.

- Mlle Nya : Voilà, l’opération s’est bien passée, même si elle a été plus longue que prévue compte tenu des dispositions spéciales de la patiente. Nous avons été contraints de lui administrer plusieurs transfusions, et nous ne pouvons pas grand-chose pour ses prothèses abîmées. Le docteur No a extrait plus de quarante deux projectiles de sons corps et de ses membres artificiels. Si vous croyez en un Dieu quelconque, pensez à lui adresser une petite prière pour le remercier. Aucun autre praticien à ma connaissance n’aurait été capable d’un tel résultat. Vous ne pouvez malheureusement pas la voir tout de suite… elle doit rester en réa encore quelques heures.

- Myss Lyli (laissant librement couler ses larmes) : Oh, merci ! merci mille fois ! Et pour l’autre demoiselle ?

- Mlle Nya : Je n’ai pas de nouvelle. Elle est encore au bloc avec le docteur Nox, et le docteur No vient de les rejoindre pour…

Un petit boîtier à la ceinture de l’aide-soignante se mit à biper avec insistance, clignotant d’une lugubre lumière pourpre.

- Mlle Nya : Excusez-moi, mais l’hélicoptère qui vous avait amenée vient de se poser de nouveau… il semblerait qu’il y ait encore une victime de cette boucherie qui respire encore…

- Myss Lyli : mais… qui cela peut-il être ?

- Mlle Nya : aucune idée, nous verrons bien. Essayez de vous reposer : votre protégée ne sera pas réveillée avant plusieurs heures (regardant l’épaule bandée avec insistance) et le manque de sommeil est contre-indiqué quand on veut guérir vite.

Myss Lyli regarda la jeune femme s’éloigner d’un pas énergique avant de se retourner pour pousser la porte de la créature convalescente. Elle se laissa tomber dans le fauteuil avec un soupir résigné. Elle se redressa soudain : deux yeux d’or liquide la dévisageaient depuis le lit…


Salle blanche :


Von Spontz faisait les cent pas sous le regard totalement inexpressif des deux gardes immobiles. La scientifique se sentait frustrée… On lui avait promis un cas particulièrement intéressant, et elle se retrouvait avec une caricature d’humain en pleine crise d’angoisse. Le sédatif qu’elle lui avait fait injecter n’allait pas tarder à cesser de faire effet, et elle rongeait son frein en attendant.

Qu’est-ce que le Maître pouvait attendre de cette loque ? Il y avait bien cette histoire de prophétie dont il leur rebattait les oreilles depuis qu’il avait appris l’existence de ce nouveau mutant humain dont les pouvoirs seraient en mesure de… Ah, c’est là qu’elle avait décroché… les monologues de son patron la rendait chèvre ! Comment un homme aussi brillant pouvait-il tomber ainsi dans la caricature du méchant mégalomane de série B ? Ah oui, ces histoires de brouilleur et tout et tout…
Personnellement elle se fichait comme de sa première éprouvette de tout ce pataquès autour du « Secret » : tant qu’on lui mettait un laboratoire et un sujet à étudier, elle était la plus heureuse des femmes !

Pour la soixantième fois depuis une heure, elle fusilla l’homme couché en chien de fusil de l’autre côté de la porte à guichet. Elle surprit un sursaut de la carcasse…

- Professeure Von Spontz : Messieurs ! Le sujet se réveille… Installez le dans le fauteuil à côté.

Laissant les sbires s’occuper de ramasser Geniet, elle ouvrit en grand la seconde porte donnant dans l’une de ses salles d’étude au centre de laquelle trônait un siège qui ferait se pâmer le plus sadique des dentistes.

Quelques instants plus tard, un Geniet encore groggy était savamment ficeler au siège par de multiples lanières en épais tissus synthétique. Une douche glacée, fournie avec abondance par l’un des sbires en blanc, sortit le policier convalescent de la torpeur chimique qui lui avait été imposée. Il prit rapidement conscience de sa situation, remarquant au passage les buses d’évacuation au sol qui cernait le pied du fauteuil.

- Professeure Von Spontz (reprenant son accent caricatural) : Arrrh Je fois que fous afez remarquer l’ingénieux dispositif d’effacuation des fluides que j’ai infenté ! Comme fous poufez le constater, nous afons les moyens de fous faire parler !

- Geniet (encore interloqué) : Heu… Dr Follamour ?

- Professeure Von Spontz (reprenant sa voix normale) : Pfff, pourquoi faut-il que vous me gâchiez tous mes moments ! Bon, simplifiez vous l’existence et facilitez-moi les choses : répondez à toutes mes questions sans tenter de me baratiner et vous vous éviterez tout un tas de désagréments…

Le bip d’une machine sur une paillasse voisine interrompit la scientifique.

- Professeure Von Spontz : un instant… (l’air déçu) Ah… rien de particulier dans votre sang, ni dans votre salive ou votre bile… Un peu trop d’acidité dans l’estomac… compréhensible avec les traumatismes… (revenant vers son « sujet ») Mais alors, si vous êtes si normal, à quoi servez-vous ?

- Geniet : A quoi ? Mais je ne comprends rien ? Qui êtes-vous ? Que fais-je…

- Professeure Von Spontz (giflant Geniet) : ta gueule, c’est moi qui pose les questions !

- Geniet : mais…

- Professeure Von Spontz (réitérant la giffle) : tu comprends le français ?

- Geniet : libérez-moi immédiatement, je suis officier de police et…

La femme en blouse blanche saisit un instrument posé sur un présentoir idéalement situé à côté d’elle et le planta violemment dans la cuisse de Geniet qui hurla de douleur.

- Professeure Von Spontz (reliant un câble à l’aiguille plantée) : alors voilà le deal : tu fais autre chose que ce que je t’ordonne de faire, je branche cette sonde sur le 220 et j‘envoie le jus…

Habitués des lieux, les deux gardes sortirent des bouchons d’oreilles de la poche de poitrine de leur treillis blanc.

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